Le Procès de la Révolution Sexuelle

La thèse de ce livre est que la révolution sexuelle « ne nous a pas tous libéré, mais qu’elle n’a libéré que certains d’entre nous, avec un prix » (7)[1]. Un livre écrit par une féministe pour des jeunes femmes, bien que femmes et hommes de tous âges auraient beaucoup à apprendre de ce livre.

Une Féministe VS la Révolution Sexuelle

Perry était une féministe libérale qui croyaient aux promesses de la révolution sexuelle, mais l’âge, l’expérience, et les statistiques l’ont conduite à radicalement changer de posture. Le problème du féminisme libéral, ce qu’il élève la liberté, définie comme la capacité pour les femmes à pouvoir faire tout ce qu’elles veulent, comme valeur suprême. Ceci sans prendre en considération d’autres valeurs et sans réflexion critique sur la source et le bienfondé de certains désirs (10). C’est justement la tragédie de la révolution sexuelle : elle a conduit un grand nombre de femmes à adopter une « liberté sexuelle » qui sert les intérêts des hommes de manière évidente (10). Cette tragédie est fondée sur deux mensonges embrassés par le féminisme moderne. D’abord, la croyance selon laquelle les relations sexuelles sont anodines. C’est une façon d’assouvir un besoin comme manger un repas, ou un passe-temps comme aller au cinéma (« ce n’est ‘que’ du sexe »). C’est ce qu’elle appelle, le désenchantement du sexe (11). Le second est qu’il n’y a fondamentalement pas de différences entre les hommes et les femmes. Un mensonge rendu plausible par le progrès technologique (notamment les contraceptifs) et la tertiairisation de la société occidentale[1].

Pour introduire sa thèse, Perry utilise l’exemple de deux icônes de la révolution sexuelle : Marilyn Monroe, et Hugh Hefner. Ces deux figures représentent, par leur parcours et leur fin, toute la tragédie de la révolution sexuelle. Cette dernière a conduit notre société à adopter des mœurs sexuels qui avantagent les hommes au préjudice des femmes. C’est là que les différences entre les hommes et les femmes entrent en compte, notamment en ce qui concerne la « sociosexualité » : le désir de variété de partenaires sexuels. Or, de manière générale, les hommes ont un taux de sociosexualité plus élevé que les femmes. Ainsi, les hommes préfèrent en moyenne avoir plus de sexe avec un nombre large de partenaires, alors que la majorité des femmes préfèrent être dans une relation stable et sérieuse (49). Qu’est-ce que ça donne dans une société sexuellement « libérée » ? Perry répond à cette question en abordant les sujets suivants, se concentrant à chaque fois sur le sort des femmes : les politiques de lutte contre le viol (ch. 2), la pédophilie (chap. 3), la culture des « coups d’un soir » (« hook-up culture », ch. 4), la pornographie (ch. 5), le sado-masochisme (ch. 6) et la prostitution (ch. 7).

Perry montre de manière indiscutable que la culture sexuelle actuelle est nocive pour les femmes. Elle les pousse à adopter des comportements sexuels « masculins » au détriment de leur propre plaisir, bien-être et sécurité. Le pire, c’est qu’elles sont encouragées par la société (et notamment les féministes libérales) à croire que ces comportements sont bons et libérateurs.

Ainsi, Perry conclu : « nous sommes doucement passés d’une forme d’asservissement de la femme à une autre, mais nous prétendons que celle-ci est une libération » (20).

« Marriage is Good »

Louise Perry

Mais alors, que faire ? Tout au long de son livre, Perry offre des conseils destinés à des jeunes femmes pour éviter les écueils de la culture sexuelle moderne, qui sont résumés dans sa conclusion. Le titre du dernier chapitre donne un bon aperçu de l’alternative qu’elle défend : « Le mariage est bon ». Ça faisait longtemps que l’on avait pas eu une féministe défendre l’institution du mariage ! Elle est convaincue que dans l’ensemble, le mariage est meilleur pour les femmes que l’alternative présentée par la révolution sexuelle et le féminisme libéral.

Ce livre est absolument inédit. Le travail de Perry est très recherché, tant au niveau statistique que sociologique. Son argument est robuste. Sa critique n’est rendue plus que forte par le fait qu’elle était une croyante dévouée de l’idéologie qu’elle dénonce. La faiblesse de ce livre est qu’elle n’a pas de base morale solide pour étayer sa critique et l’alternative qu’elle propose. Elle conseille à plusieurs reprise aux femmes de suivre leur intuition morale, tout en reconnaissant que ce compas n’est pas toujours fiable (65 ff.). On pourra répondre que cette intuition morale est le fruit de la loi de Dieu écrite dans nos cœurs à la création. Son manque de fiabilité est le fruit de notre péché. Mais elle est également le fruit d’une société profondément façonnée par le christianisme depuis presque 2000 ans[2]. D’ailleurs, il est intéressant de noter que ses conseils s’approche beaucoup d’une éthique chrétienne de la sexualité[3]. D’une certaine manière, ce livre montre d’un point de vue humain que les commandements divins concernant la sexualité ne sont pas arbitraires, mais qu’ils sont véritablement bons pour nous, hommes et femmes.

Bref, un livre important à lire pour comprendre et savoir comment naviguer la culture sexuelle moderne avec tous ses maux.

Louise Perry, The Case against the Sexual Revolution: A New Guide to Sex in the 21st Century (Cambridge Medford (Mass.): Polity Press, 2022).


[1] Les différences entre les sexes est moins évidente dans un bureau d’avocat que dans une mine ou sur un chantier, par exemple.

[2] Voir Tom Holland, Les chrétiens: comment ils ont changé le monde, trans. Olivier Salvatori (Paris: Saint-Simon, 2019).

[3] Dans un podcast où elle était invitée, elle recommandait d’attendre jusqu’au mariage pour avoir des relations sexuelles. Elle se contente de recommander d’attendre quelques mois dans son livre.

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